Faible estime de soi, insécurités, frustrations, peurs, culpabilité… si vous avez du mal à réussir ce que vous entreprenez, peut-être êtes-vous en train de devenir votre pire ennemi…

Comment peut-on devenir son pire ennemi, me demanderez-vous… Et je vous répondrai : on peut, parce que nous sommes notre pire juge ! Imaginez : vous devez prendre la parole en public et vous êtes morte de trouille. Pourquoi ? Parce que vous êtes sûre que vous ne serez pas intéressante, que d’autres sont mieux placés que vous, que vous ne maîtrisez pas assez le sujet, que vous n’avez pas la tenue adaptée pour monter sur scène, que votre coupe de cheveux est ratée… bref, vous allez être ridicule… Pourtant, une part de vous se sait capable de réaliser cette prestation… Alors quoi ? Les autres vont vous juger ? Que nenni… car personne ne fera aucune des remarques sus-mentionnées, et que le lendemain, vous ne ferez ni la Une des journaux, ni le buzz sur les réseaux sociaux. La vérité, c’est que le jugement vient de vous et non des autres. D’ailleurs, si vous vous plantiez, ils feraient probablement preuve de compassion et d’empathie.

Plaire aux autres à tout prix ou se plaire ?

Plaire aux autres, mais pourquoi, si ce n’est pour augmenter notre estime de soi ? Le regard de l’autre est un miroir qui nous renvoie l’image que nous aimerions y voir et notre estime de soi grandit à mesure que le regard de l’autre s’éclaire, comme il s’étiole à mesure que le regard de l’autre s’éteint. Pourtant, il arrive que malgré l’admiration que l’on nous porte, nous ne soyons pas satisfaites, car plaire à tous prix a un prix, justement : faire quelque chose dans le seul but d’être acceptée ne fait qu’alimenter une mauvaise estime de soi. Questions de valeurs ? C’est un cercle vicieux qui se met en place : si je ne suis pas à la hauteur, on ne m’aime pas. Mais comment être à la hauteur d’une personnalité qui n’est pas la mienne sans prendre le risque de décevoir ?

Estime de soi et regard des autres…

Nous avons besoin de cohérence. C’est ce qui nous permet d’avoir des relations sociales ‘’normales’’. Une image faussée entraine des comportements inadaptés de part et d’autre, puisque basés sur le mensonge : comment vous sentiriez-vous face à une personne vous admire pour une expertise que vous n’avez pas ? Ce besoin de cohérence entraine un phénomène d’auto-vérification qui nous pousse à rechercher des gens qui nous renvoient l’image que nous avons de nous-mêmes, ce qui ne s’avère pas forcément épanouissant…

« A 19 ans, j’étais très mal dans ma peau » raconte Emma « Je me sentais nulle, sans intérêt… j’avais peu d’amis et ceux que j’avais ne me tiraient pas vers le haut, au contraire ! Alcool, fêtes… jusqu’au jour où je me suis retrouvée dans une situation particulièrement humiliante. J’ai réalisé que si je continuais sur cette voie, j’allais dans le mur. J’ai décidé de couper les ponts et je me suis plongée dans mes études que j’avais abandonnées. Ca a été dur au début, mais progressivement je remontais la pente et j’étais fière d’y arriver. Puis j’ai rencontré de nouvelles personnes et surtout Adrien mon compagnon. Avec le recul, je vois bien que l’on attire les gens qui nous ressemblent… »
Nous avons besoin d’exister et nous n’existons qu’à travers la reconnaissance des autres. Lorsqu’une personne se sent ignorée (et c’est évident chez les enfants et les ado…), elle cherchera à se faire remarquer, y compris par des comportements pouvant entraîner une reconnaissance négative.

Un compagnon très présent : l’auto saboteur…

Il est là en permanence. Vous avez rendez-vous pour le job de vos rêves et vous n’entendez pas le réveil ? C’est lui. Aujourd’hui, c’est le grand jour : vous partez enfin en vacances vers cette destination qui vous fait envie depuis des années, et… vous ratez l’avion ! C’est lui. Au restaurant avec le sosie de Brad Pitt vous renversez la sauce tomate sur ses genoux. C’est encore lui. La petite voix qui murmure « tu n’y arriveras pas, c’est trop dur pour toi » ou « c’est pas le moment » ou « on verra demain », c’est toujours lui, l’auto-saboteur.

Et attention : il est rusé, le bougre ! Il faudra vous montrer vigilante pour le débusquer… « Ca m’est égal, ça ne m’intéresse pas… » Dites-vous. En êtes-vous sûre ? N’êtes-vous pas en train de vous préserver d’un échec possible en refusant l’obstacle ? Un autre exemple : remettre au lendemain « ça n’est pas si urgent… » ou encore abandonner juste au moment où vous allez réussir et vous trouver des excuses… Car l’auto-saboteur est super doué pour nous amener à faire ce qui n’est pas bon pour nous comme pour nous empêcher de faire ce qui le serait…

Il est là depuis des années. Il vit avec vous et se nourrit de vos peurs. Son meilleur allié : l’égo. Son objectif : vous protéger… Quoi ??? Oui, vous avez bien lu : vous protéger. Car rien en nous n’est conçu, à l’origine, pour nous détruire, bien au contraire ! Le problème, c’est que le saboteur s’appuie sur nos expériences passées : les jugements, les critiques, la colère, la honte, l’humiliation, l’abandon, le rejet… Toutes ces situations que nous avons vécues dans notre enfance et que nous voulons éviter. Pour ce faire, il joue avec nos émotions et nous pousse à rester dans notre zone de confort, bien au chaud, loin des risques et donc loin de la nouveauté et du changement.

Pas de panique : notre pire ennemi est aussi notre meilleur ami

L’inconscient agit à notre insu (d’où son nom, d’ailleurs…) et met en place un système de défenses destiné à nous préserver pour ne plus revivre des expériences mal vécues. C’est d’ailleurs grâce à ça que nous ne mettons pas la main dans les flammes, que nous évitons les crevasses à vélo et que nous freinons aux feux rouges. Ce à quoi s’ajoutent les croyances limitantes (« je n’y arriverai pas », « ce n’est pas possible », etc.) ainsi que les petites phrases pernicieuses entendues trop souvent (« tu es nulle », « tu es paresseuse », « tu ne comprends jamais rien », etc.) auxquelles nous avons donné notre accord. Une fois que le mécanisme est en place, si nous n’en prenons pas conscience, il va nous pourrir la vie au lieu de nous protéger.
Ajoutons à ça nos expériences de vie (échecs, blessures, jugements…) notre besoin d’appartenance au clan et les conflits familiaux non résolus et nous nous retrouvons face à un pouvoir créateur qui ne nous appartient pas.

Bonne nouvelle : on peut changer la donne ! Si ces systèmes de protection se sont mis en place pour des raisons précises, il est alors possible de les lever en créant de nouvelles expériences, d’autant plus que cette programmation n’est que le résultat d’interprétations que nous avons faites de notre réalité.

A la base du changement : prendre conscience de ses comportements, avoir la volonté de changer, quel que soit le prix à payer, chercher ce que l’on veut vraiment à l’intérieur de soi et passer à l’action en sortant de sa zone de confort pour prouver à son cerveau que non seulement, ‘’c’est possible’’ mais qu’en plus ‘’c’est agréable’’.

Attention toutefois : Il ne s’agit pas d’éradiquer l’auto-saboteur. Vous n’y parviendriez pas et vous ne feriez que renforcer son pouvoir. Il s’agit au contraire de le reconnaître et de comprendre son message. Alors il s’apaisera et vous laissera tranquille… pour un temps… !


Ana Sandrea

Ana Sandrea

Selon Ana Sandrea, thérapeute, coach, auteure de « 21 clés pour se libérer de l’auto-sabotage, devenez votre plus grand allié », et du site MaitreDeTaVie.com, il existe plusieurs types de saboteurs selon les situations :

  • La Victime : elle a peur de tout. Elle pleure facilement et recherche l’attention des autres. Elle se sent petite, fragile, le monde est dangereux pour elle
  • Le rejeté : il a peur des gens. Il défend son espace vital, se sent vite envahi, ne s’engage pas. C’est très courant chez les hommes
  • L’abandonnée : craintive, elle a peur de ne pas être aimée, elle est dépendante. C’est très courant chez les femmes, mais pas seulement
  • L’expert : il est la voix de l’expérience. Il sait tout, ses arguments remplis de sens commun sont difficiles à battre.
  • Le juge : culpabilisateur.
  • L’adolescent : toujours en rébellion
  • Le radin : il n’aime pas dépenser, surtout pour l’inutile. Il supporte mal une dépense de plaisir : un resto par exemple.
  • Le père : il critique, donne des leçons, des conseils.
  • Le policier : il nous observe et nous puni quand nous agissons hors notre loi.
  • Le curé ou la nonne : il ou elle n’aime pas la sexualité libre et heureuse. Elle donne honte, et peut nous punir avec une grossesse ou une maladie sexuellement transmissible voir l’impuissance ou frigidité.

Une infinité de personnages existe en nous selon les situations
(extrait du site MaitreDeTaVie.com)